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Zététique
7 octobre 2007

Henri Broch et les critiques de J.B.Rhine

Rhine1Henri Broch, dont nous avons déjà parlé dans ce blog, critique à plusieurs reprises, dans ses différents ouvrages, les travaux de J.B. Rhine. Ce dernier est pourtant considéré par les parapsychologues comme l'un des pères de la parapsychologie scientifique. Il fut en effet l'un des premiers à tenter d'étudier scientifiquement, et dans le cadre du laboratoire certains phénomènes réputés paranormaux. Il est donc important d'étudier dans le détail les critiques d'Henri Broch car il serait effectivement très problématique si les travaux de J.B. Rhine s'avéraient de bien piètre qualité.

Henri Broch affirme ainsi, notamment dans un article présent sur le site de l'université de Nice :

"Exit les résultats époustouflants d'un J.B. Rhine (présenté - sans rire - comme "le père de la parapsychologie scientifique") obtenus à partir d'un tri intellectuellement malhonnête des données et/ou d'une utilisation de cartes de Zener tellement mal faites que même un débutant refuserait de travailler avec ! Après plusieurs achats au cours des années, j'ai encore acheté en octobre 2000 des cartes de Zener (cinq symboles : carré, rond, croix, étoile, vague) à "l'Institut de Rhine". Incroyable mais vrai : elles sont toujours très mal faites après plus de 60 années de fignolage par les savants parapsychologues ! Et elles ont encore un dos non symétrique !! On peut ainsi très facilement reconnaître des cartes de dos et faire allègrement grimper les statistiques sans le plus petit pouvoir-psi. Et après cela, d'aucuns tresseront toujours une auréole de scientificité aux expériences de J.B. Rhine et de ses successeurs Sans commentaire."

Source : http://www.unice.fr/zetetique/articles/HB_meta_analyse.html

Récapitulons les critiques d'Henri Broch concernant les expériences de Rhine :

  • les résultats ont été obtenus par un tri intellectuellement malhonnête des données,

  • les résultats sont aussi la conséquence de cartes mal faites : leur dos n'est pas symétrique.

Henri Broch, à partir de ces deux arguments critique avec beaucoup de mépris et d'ironie non seulement J.B.Rhine mais aussi ceux qui se réfèreraient encore à ses travaux, ce qui implique l'ensemble de la communauté parapsychologique. Il est donc essentiel de déterminer si ces critiques sont justifiées.

Des cartes mal faites

Ce premier argument paraît assez décisif puisque Henri Broch a encore récemment acheté, en 2000, des cartes qui ne sont pas parfaites. N'est-ce pas la preuve de l'incompétence des parapsychologues ?

zen

Outre le fait que les parapsychologues n'utilisent plus les cartes de Zener depuis des décennies, cet argument ne résiste pas à l'analyse détaillée des faits que voici.

Cette critique n'est pas récente. Elle fut adressée à Rhine, il y a déjà fort longtemps, pour des raisons assez proches : il était possible de deviner les symboles sous certains angles et selon certaines luminosités en regardant le dos des cartes. Ces défauts de fabrication proviennent de l'impression des cartes, défauts que Rhine ne pouvait prévoir comme il l'indique dans ESP after sixty years. La réimpression des cartes aurait eu un coup que le laboratoire ne pouvait assumer. C'est pourquoi Rhine indiqua dès leur parution, dans le Journal of Parapsychology, qu'il ne fallait pas utiliser les cartes sans qu'il y ait un cache afin d’éviter que les sujets puissent obtenir des informations par ce biais. Ainsi, s'il est vrai que lors des toutes premières expériences de Rhine, cette précaution n'était pas prise, elle fut très rapidement mise en place et étendue à l'ensemble des expériences.

rhinecache

Les expériences de Rhine furent  ensuite effectuées dans des conditions expérimentales qui excluaient la possibilité pour le sujet de voir le dos des cartes. Outre l'utilisation d'un cache, dans un certain nombre d'expériences le sujet était situé dans un autre bâtiment. On remarquera d'ailleurs que le biais potentiel provenant du dos des cartes n'a jamais été démontré. Les résultats obtenus par Rhine sont en effet tout aussi significatifs quand les sujets voient le dos des cartes que lorsqu'ils sont situés dans un autre bâtiment (voir D.Radin, La conscience invisible, p.109)

Le tri malhonnête des données

Ce deuxième argument est tout aussi important car si J.B.Rhine avait sélectionné ses données, cela invaliderait bien entendu ses résultats et l'ensemble de ses travaux. Henri Broch ne propose pas de référence dans son article Internet, mais on peut trouver cette référence dans son plus récent ouvrage. Si Henri Broch se permet une telle affirmation, c'est qu'il se réfère aux propos du Prix Nobel de chimie de 1932, Irving Langmuir, que l'on peut trouver retranscrits ici. Langmuir y rapporte une conversation avec Rhine dans laquelle Rhine lui aurait indiqué sélectionner les données. Voyons cet argument dans le détail :

  • Il s'agit d'une retranscription d'un discours de Langmuir par Robert Hall. Cette retranscription a été effectuée en 1985, soit 32 ans après la conférence de Langmuir qui a eu lieu en 1953.

  • La retranscription provient d'un enregistrement de mauvaise qualité dans lequel il manque des passages.

  • Le discours de Langmuir porte sur une rencontre effectuée avec Rhine en 1934, soit 19 ans avant la conférence.

  • La retranscription a été publiée non seulement après la mort de Rhine, mais aussi après la mort de Langmuir. Aucun des deux protagonistes n'a publié de documents concernant cette rencontre de leur vivant. Aucun n'a bien entendu pu réagir à cette retranscription.

Cependant, nous disposons de la version de J.B.Rhine, confiée à Denis Brian le 31 juillet 1978 et publiée en 1982 (p.163 de The Enchtanted Voyager : The Life of J.B.Rhine). Voici ce que dit Brian :

" Famed scientist Irving Langmuir, awarded the Nobel Prize for chemistry in 1932, devoted most of one day attempting to prove to Rhine that ESP was a myth and Rhine ’s methodology ridiculously inept and inadequate. What had aroused Langmuir was the behaviour of a nephew at M.I.T., who read Rhine ’s first book, Extra-Sensory Perception, and immediately plunged into his own ESP experiments, which gave positive results. In vain Langmuir tried to ridicule the nephew into quitting, then predicted that if he persisted in the tests he would eventually and inevitably get chance results. After telling Rhine of the foolish nephew, Langmuir concentrated on the foolish Rhine . First he gave Rhine a long list of definitions of science and of nonscience. Then he described one of Rhine ’s experiments and said that every single approach he had defined as “nonscientific” was manifest in that experiment. “True,” Rhine replied to Langmuir. “If I had done the experiment the way you’ve described it, I’d agree with you that it was nonscientific. But you haven’t read my account. I didn’t do it the way you’ve described.”

Il est fort probable que Rhine a essayé d’expliqué à Langmuir le psi-missing. Ce dernier l’aurait manifestement mal compris. Ces différents éléments montre à quel point cette référence à Langmuir est peu crédible. Pour les incrédules, nous pouvons rappeller que :

  • un autre élément montre le peu de fiabilité des propos de Langmuir. Il est fait référence à des cartes dans des enveloppes scellées, fruit d'essais qui ne seraient pas publiés. Cet élément n'a pas de cohérence : les résultats étaient enregistrés sur des fiches de résultats.

  • Dans les années au cours desquelles Rhine et Langmuir se sont rencontrés, il y eut un large débat scientifique autour des expériences de Rhine, impliquant de nombreux scientifiques de qualité. Rhine publia ensuite, avec Pratt, un ouvrage intitulé ESP after sixty years. Dans cet ouvrage, Rhine et Pratt démontrent clairement qu’il n y a pas eu tri des données.

  • On peut aussi d’ailleurs noter à ce propos la position du professeur H.J. Eysenck, directeur du département de psychologie à l'université de Londres, qui écrivit en 1957 :

"A moins d'une gigantesque conspiration, qui impliquerait une trentaine de départements universitaires dans le monde entier et des centaines de scientifiques très respectés dans différents domaines et souvent hostiles de prime abord aux hypothèses de la recherche psychique [...], la seule conclusion à laquelle un observateur impartial doive parvenir est qu'il existe un petit nombre de gens qui peuvent obtenir une information existant soit dans les esprits d'autres personnes, soit dans le monde extérieur, par des moyens que la science ignore encore."

  • Un autre scientifique, John Wheeler, avait fait le même type d'affirmation que Langmuir - fraude de la part de Rhine - lors d'un congrès de l'AAAS. Wheeler a du s'excuser publiquement dans la revue Science de ses propos qui ne reposaient sur aucun fait. Pour plus de détails voir ici

  • Plus récemment, Dean Radin a étudié les données qu'il aurait été nécessaire de cacher pour obtenir des résultats non significatifs. Il existe en effet des outils statistiques pour analyser "l'effet tiroir". Pour réduire à un effet non significatif les résultats obtenus par Rhine, il aurait fallu 29 000 études, soit 861 compte-rendus d'échec dissimulés pour chaque rapport publié. Selon le psychologue Robert Rosenthal, de l'université de Harvard, on peut en effet invoquer l'hypothèse de l'effet tiroir quand il y a une proportion de 5 études non publiées pour une seule publiée.

  • Nous avons contacté Sally Rhine, la fille de Rhine, Docteur en psychologie, qui travaille au Rhine Research Center. Elle nous a confirmé ce qui est indiqué dans ESP after sixty years : "We can vigorously point to arguments that data were not selected even back in the early 30's when experimental methods were not as sophisticated as they are today."

Quelques autres détails concernant les expériences de Rhine

Profitons de cet article pour reprendre d'autres mythes pseudo-sceptiques concernant les travaux de J.B. Rhine.

  • Sur le plan statistique, rappelons la position de Burton Camp, statisticien qui présidait en 1937 L'institute of Mathematical Statistics, suite aux débats sur les travaux de Rhine :

"Les investigations du docteur Rhine revêtent deux aspects : expérimental et statistique. Concernant le premier les mathématiciens n'ont évidemment pas à se prononcer. En revanche, pour le second, des travaux récents ont démontré que, si les expériences ont été correctement exécutées, les analyses statistiques sont essentiellement valides. Si la recherche de Rhine peut-être attaquée, ce doit être sur un autre terrain que celui des mathématiques".

  • Dans ESP after sixty years, Rhine et Pratt indiquent 35 critiques proposées à l'époque pour démontrer des biais et des imperfections dans les travaux de Rhine. Cet ouvrage répond de façon argumentée et scientifique à l'ensemble des critiques de ces travaux.

Conclusion

Cet exemple permet d'arriver à un certain nombre de conclusions :

  • Henri Broch n'hésite pas à lancer de profondes contre-vérités concernant la recherche en parapsychologie, en particulier les travaux de J.B. Rhine. Il convient donc d'être prudent envers les affirmations d'Henri Broch quand elles concernent la parapsychologie.

  • Quand des sceptiques n'arrivent pas à trouver un biais dans des publications, ils finissent par se tourner vers des sources d'informations peu fiables, non corroborées par les compte-rendus d'expérience. Il s'agit là d'une attitude pseudo-sceptique.

  • Les diverses critiques existant concernant les travaux de J.B. Rhine ne permettent pas d'invalider les travaux de ce dernier.

*

Ajout 16/12/2007 :

Suite à quelques échanges avec certains de nos lecteurs, il nous paraissait important de préciser un point. Notre objectif avec cet article n'a pas été de "défendre" l'ensemble des travaux de Rhine. Nous avons simplement souhaité mettre en évidence des critiques d'Henri Broch à propos des travaux de Rhine qui ne correspondent pas aux données scientifiques existantes.  Pourquoi etait-ce important de l'indiquer ? Car des étudiants et des sceptiques croient réellement que les critiques d'Henri Broch sont pertinentes sur ce sujet.  C'est la raison pour laquelle nous encourageons les étudiants et les universitaires qui pourraient consulter les travaux d'Henri Broch à beaucoup de prudence. Le principal conseil que nous pouvons leur donner est de comparer dans le détail les critiques d'Henri Broch avec les travaux originaux.

Mais ce n'est pas pour autant que les travaux de Rhine ne sont pas critiquables. Nous pouvons notamment indiquer qu'ESP est connu parmi les parapsychologues pour ne pas avoir été bien rédigé. L'approche utilisée par Rhine manque parfois de rigueur et de pertinence dans cet ouvrage, qui ne peut de toute façon être considéré comme un modèle du point de vue méthodologique. C'est par exemple le cas pour certaines expériences lors desquelles les contrôles manquaient de rigueur, en particulier les expériences lors desquelles des sujets ont pu voir et toucher le dos des cartes. Mais contrairement à ce que laissent entendre parfois certains sceptiques, Rhine n'est pas vu comme un modèle par les scientifiques travaillant dans ce domaine. Il est davantage vu comme un précurseur, celui qui le premier a tenté de montrer que l'on pouvait tenter d'étudier scientifiquement ce sujet dans le cadre du laboratoire.

En outre, et c'est important de le préciser, Rhine et son équipe avaient conscience du manque de rigueur des premières expériences (ESP est surtout une tentative de montrer l'amélioration progressive des protocoles). Il faut se rappeler du contexte historique : ces expériences datent de plus de 80 ans et Rhine était le premier à réellement proposer une approche scientifique, en laboratoire, des "perceptions extra-sensorielles". Certains critiques se sont servis du manque de rigueur de ces premières expériences pour invalider l'ensemble des travaux de Rhine. Mais une telle argumentation n'est pas valide du point de vue scientifique : de premières expériences peuvent manque de rigueur et les suivantes peuvent être tout à fait de qualité. Avec de telles argumentations, il serait possible de rejeter l'ensemble des connaissances scientifiques actuelles.

Tout cela pour dire que l'ensemble des expériences de Rhine n'ont pas été parfaites, et que certaines sont tout à fait critiquables. Nous souhaitions donc préciser ce point et indiquer clairement qu'une personne qui prétendrait que l'ensemble des expériences de Rhine sont parfaites ferait une erreur de même que critiquer les travaux de qualité effectués par Rhine à partir d'expériences antérieur, est tout aussi injustifiable du point de vue scientifique.

Une réelle approche zététique, telle que nous espérons la défendre ne se nourrit ni d'une vision idéalisées des travaux des parapsychologues, ni d'une adhérence naïve à la première critique venue. Elle repose sur une analyse détaillée et scientifiques des protocoles existants, et de leurs critiques, et nous espérons que cet article aura au moins donné envie à certains de nos lecteurs de partager cette démarche.

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Commentaires
B
Bonsoir Denis,<br /> <br /> 1/ « C'est juste une erreur de méthodologie. Je ne remets pas en question l'analyse à posteriori, juste le fait qu'entre faire une correction et ne pas en faire, j'ai vite choisi la méthode la plus cohérente... »<br /> <br /> Ce n’est pas si simple. Ce qu’indiquent les calculs c’est qu’il est cohérent d'un point de vue mathématique d'avoir fait ce choix de calcul. Et nous le rappellons : ce choix a été effectué en collaboration avec les statisticiens de l’université de Duke. <br /> <br /> 2/ « Lisez les citations de l'expérience avec Linzmayer (p.80-81 4ème édition, c'est les 2ème et 3ème page de l'article sur Linzmayer) où il n'y avait pas de cache et où le sujet touchait les cartes. On peut appeler ça un biais. Un gros même. Je rappelle que Linzmayer est cité comme un sujet "doué". »<br /> <br /> Concernant les expériences de Linzmayer, cela fait parti des expériences critiquées à juste titre lors de la parution d’ESP. C’est un gros biais potentiel et c’est la raison pour laquelle l'équipe de Rhine a ensuite amélioré les protocoles. <br /> <br /> 3/ "Eh bien faisons juste un pari : laissez un Bernard Bilis toucher les cartes et voir leur dos asymétrique (comme à l'époque) dans un paquet de 25 qui est manipulé par un expérimentateur non averti aux techniques de manipulations des cartes. Il ne me semble pas utile de démontrer que la possibilité de fraude est plus que probable.Prouver que, dans ces conditions, la triche est aisée, vous semble devoir relever d'un test avec un magicien ?"<br /> <br /> Nous sommes tout à fait d’accord : lorsque le sujet peut toucher et voir les cartes, on ne peut comptabiliser les travaux comme des « preuves » de l’ESP. En revanche, nous pouvons faire un autre pari : Bernard Bilis n’arrivera pas à obtenir de résultats en conditions contrôlées mises en place par Rhine ensuite.<br /> <br /> 4/ « J'ai bien compris votre position sur Rhine et je ne me place pas dans un cadre où je rejette sans connaître tous ses travaux. J'attends de récupérer ESP after six years pour relire les réponses aux critiques avant d'aller plus loin dans mon analyse.Pourrais-je y constater qu'il s'auto-critique sur ses expériences (comme celle citée avec Linzmayer) ? »<br /> <br /> Oui bien entendu, cet argument est repris dans ESP after sixty years. L’équipe de Duke a repris dans cet ouvrage les différents arguments et les réfute un à un de façon très serrée. Les critiques universitaires ont même été invités à participer à la rédaction de l’ouvrage. Cet argument est en particulier réfuté par l’ensemble des travaux effectués à Duke et dans d’autres universités synthétisés dans le tableau 8 de la page 100. Que les résultats aient lieu avec cache, dans des bâtiments séparés et en précognition ne change rien : les résultats restent. L’hypothèse biais sensoriel, qui pourrait être valide pour Linzmayer, est donc exclue pour expliquer les résultats.<br /> <br /> Rhine explique au début d'ESP after sixty years, dans le détail, les raisons pour lesquelles il a publié des travaux avec de potentiels biais sensoriels. il y a plusieurs raison mais la principale est la suivante : pour éviter d'être suspecter de biais de publication.<br /> <br /> 5/ "Pour autant et puisque votre attitude semble tendre vers la neutralité, ce que je trouve évidemment louable dans la démarche ("Nous ne voulons pas nous positionner comme des « défenseurs » et vous comme un « sceptiques », mais plus comme des collaborateurs qui tentent d’étudier la validité d’un travail"), pourriez-vous exposer concrètement dans votre article les biais qui ont été relevés dans les expériences de Rhine ?"<br /> <br /> Nous ne pouvons que vous conseiller de consulter ESP after sixty years qui reprend les 35 contre-arguments suite à la publication des travaux de Rhine. Vous y trouverez, analysé dans le détail et par les scientifiques de l’époque, les différents biais potentiels et les réponses de l’équipe de Duke.
D
Bonjour,<br /> Quelques remarques pour terminer sur ce sujet.<br /> <br /> 1/ J'ai en ma possession la 4ème édition de 1997 de ESP. Pour le reste, j'ai à chaque fois précisé les pages et le thème des références.<br /> <br /> 2/ "C’est pourquoi nous ne comprenons pas votre interprétation qui consiste à parler d’erreur et d’incohérence statistique quand la communauté scientifique prétend le contraire."<br /> <br /> Allez dire la communauté scientifique qu'il vaut mieux faire une correction après coup, aussi adaptée soit-elle, plutôt que de construire une expérience sans avoir à faire de correction. <br /> C'est juste une erreur de méthodologie. Je ne remets pas en question l'analyse à posteriori, juste le fait qu'entre faire une correction et ne pas en faire, j'ai vite choisi la méthode la plus cohérente...<br /> Nous resterons visiblement opposé sur ce point et je le regrette, mais sans remettre en question tous les travaux de Rhine, parler d'erreur à ce propos me semble ici totalement justifié.<br /> <br /> 3/ "Pour le dos des cartes, et les expériences avec cache, à notre connaissance, aucune étude n’a permis de démontrer que ces paramètres pouvaient laisser passer des biais potentiels."<br /> <br /> Ce n'est pas cela dont je parlais. Lisez les citations de l'expérience avec Linzmayer (p.80-81 4ème édition, c'est les 2ème et 3ème page de l'article sur Linzmayer) où il n'y avait pas de cache et où le sujet touchait les cartes. On peut appeler ça un biais. Un gros même. Je rappelle que Linzmayer est cité comme un sujet "doué".<br /> <br /> 4/ "Mais si vous connaissez une personne capable, à partir du dos des cartes, dans les conditions d’expériences de Rhine, d’obtenir des résultats significatifs en utilisant justement ce dos des cartes, nous sommes tout à fait prêt à tester cette personne pour vérifier cette affirmation."<br /> <br /> Eh bien faisons juste un pari : laissez un Bernard Bilis toucher les cartes et voir leur dos asymétrique (comme à l'époque) dans un paquet de 25 qui est manipulé par un expérimentateur non averti aux techniques de manipulations des cartes. Il ne me semble pas utile de démontrer que la possibilité de fraude est plus que probable.<br /> Prouver que, dans ces conditions, la triche est aisée, vous semble devoir relever d'un test avec un magicien ?<br /> <br /> 5/ J'ai bien compris votre position sur Rhine et je ne me place pas dans un cadre où je rejette sans connaître tous ses travaux. J'attends de récupérer ESP after six years pour relire les réponses aux critiques avant d'aller plus loin dans mon analyse.<br /> Pourrais-je y constater qu'il s'auto-critique sur ses expériences (comme celle citée avec Linzmayer) ?<br /> Pour autant et puisque votre attitude semble tendre vers la neutralité, ce que je trouve évidemment louable dans la démarche ("Nous ne voulons pas nous positionner comme des « défenseurs » et vous comme un « sceptiques », mais plus comme des collaborateurs qui tentent d’étudier la validité d’un travail"), pourriez-vous exposer concrètement dans votre article les biais qui ont été relevés dans les expériences de Rhine ? Nous pourrions ainsi étudier la validité des travaux cités.<br /> J'en ai relevé certains qui n'ont appelés aucun commentaire de votre part (lire exp. avec Linzmayer citée plus haut).<br /> <br /> Pour finir et sans vouloir m'éclipser de cette discussion intéressante, je n'y reviendrai que lorsque j'aurais jeté un long coup d'oeil au bouquin qui me manque.<br /> Cordialement,<br /> Denis Caroti
T
Bonjour,<br /> <br /> - Concernant la loi binomiale, la correction est une correction qui est possible mathématiquement et ceci est démontré statistiquement. C’est pourtant indiqué dans les références que nous avons proposé. A partir du moment où vous pouvez, statistiquement, utiliser un calcul de ce type, on ne peut parler d’erreur, et à notre connaissance, les experts en statistiques ont tranché sur cette question : les expériences de Rhine sont inattaquables sur ce plan. Cela n’est pas étonnant : ces calculs sont le fruit de la collaboration avec les statisticiens de l’université de Duke, et non du simple fait de Rhine. C’est pourquoi nous ne comprenons pas votre interprétation qui consiste à parler d’erreur et d’incohérence statistique quand la communauté scientifique prétend le contraire. Mais nous sommes tout à fait prêt à changer de position si vous trouvez des écrits de statisticiens ou de scientifiques qui arrivent comme vous à la conclusion que ce choix de Rhine est une erreur. <br /> <br /> - Quand vous indiquez une citation, il faudrait que vous précisiez la page et l’édition, car il semblerait que nous n’ayons pas la même édition. Pour le dos des cartes, et les expériences avec cache, à notre connaissance, aucune étude n’a permis de démontrer que ces paramètres pouvaient laisser passer des biais potentiels. Si vous effectuez quelques expériences dans ces conditions, vous pourrez d’ailleurs constater à quel point cela parait invraisemblable. Mais si vous connaissez une personne capable, à partir du dos des cartes, dans les conditions d’expériences de Rhine, d’obtenir des résultats significatifs en utilisant justement ce dos des cartes, nous sommes tout à fait prêt à tester cette personne pour vérifier cette affirmation. <br /> <br /> - Une précision s’impose cependant concernant notre position étant donné vos questionnements. Tout d’abord nous ne sommes pas des spécialistes de Rhine. Nous connaissons ses travaux de façon globale mais par exemple, sur le plan statistique, nous n’avons pas étudié et refait l’ensemble des calculs de ses expériences. Cela serait tout à fait intéressant, et nous aimerions bien le faire, mais cela prendrait un temps considérable. Nos échanges permettent notamment d’étudier progressivement certains de ces aspects.<br /> <br /> Ensuite, cet article ne vise pas à rendre compte des travaux de Rhine, il avait pour objectif initial de reprendre deux critiques d’Henri Broch qui visent à invalider les travaux de Rhine, à les décrédibiliser. Ces critiques ne nous semblent pas pertinentes. C’est ce que nous avons essayé de mettre en évidence. <br /> <br /> Mais ce n’est pas parce que nous mettons en évidence des critiques erronées, que nous sommes des défenseurs de Rhine. D’ailleurs, cela ne nous intéresse pas de défendre Rhine ou de défendre Henri Broch. Nous n’avons pas hésité concernant les travaux des chevaux à montrer les limites des expériences de Rhine.<br /> <br /> Ce qui nous intéresse ce sont les expériences. Ainsi, nous sommes arrivés à la conclusion, jusqu’à preuve du contraire, que certains travaux de Rhine ne pouvaient être expliqués par des hypothèses sceptiques. En ce sens, ces travaux sont parmi les premiers à avoir mis en évidence des phénomènes psi dans ces circonstances (en rappelant que ce terme psi ne présage pas de leur nature).<br /> <br /> Mais, cela ne veut pas dire pour autant que les travaux de Rhine sont parfaits. Loin de là et vous ne trouverez pas de parapsychologues défendant cette position. Il existe de nombreux articles dans les revues de parapsychologie qui critiquent les travaux de Rhine. Contrairement à ce que prétend Henri Broch, les parapsychologues ne sont pas dans la vénération de ces expériences, ce ne sont pas des expériences modèles. Si vous lisez par exemple « An introduction to parapsychology », il est spécifié que le principal intérêt des recherches de Rhine provient simplement du fait d’avoir mis en place un cadre contrôlé pour tester l’ESP et la PK. Car c’est effectivement là l’originalité de Rhine : avoir tenté d’adapter la méthodologie scientifique à des phénomènes psi spontanés.<br /> <br /> Mais il faut rappeler que cette entreprise date maintenant de plus de 70 ans ! Ainsi, ces expériences sont datées, les premiers travaux de Rhine comportaient des biais, ESP n’est pas écrit avec une rhétorique adaptée. Encore récemment Zingrone dans un discours présidentiel de la PA est revenue longuement sur ces différents points. Mais Rhine a progressivement amélioré ses protocoles. Il a pris en compte les critiques et a exclu progressivement des biais potentiels (potentiels c’est important, et non démontrés). L’ensemble des travaux et des critiques ont ensuite été repris dans ESP after sixty years de façon beaucoup plus pertinente. Ainsi, au fil de ses améliorations, les travaux de Rhine ont permis la mise en place de travaux rigoureux avec des résultats que personne n’a été en mesure d’expliquer. Et cela d’autant plus que d’autres laboratoires ont obtenu les mêmes effets.<br /> <br /> Ce que nous critiquons en revanche, c’est l’usage qui peut être fait de ces critiques, celui qui consiste à les utiliser pour décrédibiliser l’ensemble des recherches de Rhine. Ce raisonnement, déjà présent en 1934, consiste à reprendre les premières expériences qui comportent des biais et à dire « puisque certaines des premières expériences ne sont pas parfaites, alors il faut jeter l’ensemble ». D’un point de vue scientifique, une telle position n’est pas tenable puisque dans les expériences ultérieures, ces critiques ont été prises en compte et les protocoles ont été améliorés. Cela reviendrait par exemple, à jeter le discrédit sur l’ensemble des travaux d’Henri Broch parce que nous y avons déceler quelques erreurs et approximations ou bien à ne pas vous prendre au sérieux car vous avez effectué des erreurs statistiques dans vos calculs concernant des expériences Zener avec vos élèves de collège. Ou bien encore à ne pas étudier les protocoles de l'OZ car ils sont imprécis sur certains points. Ces façons de faire, à notre sens, relèvent de l’idéologie : ce qui compte, au final, ce sont les expériences, étudiées une à une, avec leurs qualités, et leurs défauts.<br /> <br /> Suite à vos remarques, nous allons donc préciser ces points dans l’article. Qui plus est, nous sommes tout à fait prêt à voir avec vous les éléments critiques concernant les travaux de Rhine. Mais non pas dans une entreprise de « défense » de Rhine ou de « décridibilisation » de Rhine. Nous ne voulons pas nous positionner comme des « défenseurs » et vous comme un « sceptiques », mais plus comme des collaborateurs qui tentent d’étudier la validité d’un travail. Nous ne nous positionnons pas comme Broch dans une entreprise militante, qui consiste à déterminer des biais pour ensuite rejeter l’ensemble, sans préciser les données gênante avec sa thèse initiale. Pour reprendre les points litigieux nous vous demandons simplement de préciser clairement les pages, les citations et l’édition.
D
Bonsoir,<br /> Vous dites :<br /> "La loi binomiale peut être utilisée dans les conditions de la séance Pearce-Pratt. Rhine pouvait donc faire le choix d’utiliser ce test. Voir par exemple ces articles :<br /> <br /> - GREENWOOD, J. A., and STUART, C. E. "Mathematical Techniques<br /> Used in ESP Research," Journal of Parapsychology, 1937, I,<br /> 206-225.<br /> <br /> - STUART, C. E., and GREENWOOD, J. A. "A Review of Criticisms<br /> of the Mathematical Evaluation of ESP Data" Journal of Para-<br /> psychology, 1937, I, 295-304."<br /> <br /> J'ai déjà lu ces références.<br /> Soyons clairs. A la question : d'après les travaux de Greenwood et Stuart, peut-on analyser les expériences de Rhine avec la loi binomiale la réponse est oui, après correction. Je n'ai d'ailleurs aucun problème pour le dire et je n'ai jamais dit le contraire, c'est même la recherche de cette réponse qui m'a fait m'intéresser aux expériences de Rhine et aux doutes que l'on pouvait émettre sur ses compétences.<br /> <br /> Vous dites : " Nous sommes tout à fait prêt à revoir notre position si vous avez des articles et/ou des citations à nous proposer, rédigés par des statisticiens et/ou des scientifiques, défendant votre point de vue, à savoir que le choix de Rhine est : 1/ « une erreur » 2/ « incohérent sur le plan scientifique » 3/ le fruit de l’absence ou d’une mauvaise réflexion."<br /> <br /> Reprenons et continuons : si on pose à présent la question de la rigueur scientifique, comment juger par exemple de l'affirmation, p.40 du livre déjà cité (Rhine, Extra Sensory Percpetion) que la probabilité vaut 1/5 à chaque tirage ? Vous pourrez ajouter toutes les corrections nécessaires pour que l'analyse à posteriori soit correcte, ceci est simplement faux, ce que l'on peut appeler "1/ une erreur" sans l'ombre d'un doute.<br /> Alors saurez-vous écrire vous aussi que la "2/ cohérence scientifique" de ces propos est plus que douteuse ?<br /> Et comment expliquer cette erreur d'après vous ? Je ne fais que supposer : soit elle provient d'un "3/ manque de réflexion", soit d'un manque de compétence ou encore d'une "mauvaise réflexion" ? <br /> <br /> Pour l'instant, mon analyse s'arrête là et l'opinion que j'ai des résultats obtenus, comme ceux de l'expérience avec Pearce, n'est pas tranchée. Mais je doute. Je doute et je cherche à me faire ma propre opinion. C'est parfois long mais rien n'empêche d'en changer en cours de route.<br /> <br /> Vous écrivez : "Et cela est confirmé par le fait qu’il n y a pas de différence entre les résultats dans ces conditions, et ceux obtenus avec un sujet situé dans un autre bâtiment. S’il y avait effectivement un biais dans ce dispositif, nous devrions trouver une différence entre ces deux modalités d’expériences."<br /> <br /> Et alors ? Ces seuls faits (s'ils sont bien prouvés) vous permettent de conclure que les conditions de travail étaient rigoureuses ? Comme avec le sujet Linzmayer où l'on peut lire : "The cards were held or the backs of the cards were seen, or both, by Linzmayer in 250 of the 600 trials [...] Holding and seeing the cards did not appear to help this subject ; they may even been a distraction and have caused the drop in rate"<br /> <br /> Le raisonnement est donc : la clairvoyance du sujet est réelle, celui-ci, puisqu'il n'y a pas de différences entre les expériences où il touche et voit le dos des cartes (non dissimulées), ne triche pas, donc les conditions sont bonnes donc cela prouve bien que la clairvoyance de ce sujet est réelle.<br /> Nous sommes encore bien en présence d'un effet cerceau (repris pas D. Radin). Je m'en servirai dans mes prochain cours de celui-là !<br /> <br /> Enfin : "Concernant d’autres biais dans les expériences de Rhine que nous n’aurions pas abordé dans le détail de cet article, pourriez-vous nous les préciser ?"<br /> <br /> Comment qualifiez-vous l'expérience menée avec Linzmayer où il est clairement écrit qu'il tient et voit le dos des cartes ? Pourriez-vous alors introduire dans votre article sur Rhine un bémol important montrant que certaines expériences (comme celle-ci par exemple) sont loin d'être rigoureuses sur la plan scientifique. Soyez-honnêtes : en admettant que vous utilisiez les cartes Zener, construiriez-vous le protocole d'une expérience dans laquelle le sujet touche les cartes non dissimulées dont il doit deviner le symbole ? Le jugeriez-vous valide sur le plan scientifique ?<br /> <br /> Pour en terminer, lorsqu'on lit votre article, on se pose beaucoup de questions. C'est une bonne chose d'avoir un autre avis. Mais j'ai la désagréable impression à travers nos échanges (mais je peux me tromper) que votre position est rigide vis-à-vis de Rhine. De ce que j'ai pu lire dans ce blog, vous défendez la zététique et la méthode scientifique, alors, aux vues de ce que j'ai pu apporter comme exemples, n'ajouterez-vous pas de nuances dans cet article, notamment quand votre conclusion se termine par : "Les diverses critiques existant concernant les travaux de J.B. Rhine ne permettent pas d'invalider les travaux de ce dernier."<br /> Bien cordialement,<br /> Denis Caroti
T
Bonsoir,<br /> <br /> Concernant la loi binomiale, la question est simple : ce choix méthodologique de Rhine permet-il d’invalider les résultats obtenus ? A notre connaissance, ce n’est pas le cas : des experts en statistiques ont pris la défense de Rhine. La loi binomiale peut être utilisée dans les conditions de la séance Pearce-Pratt. Rhine pouvait donc faire le choix d’utiliser ce test. Voir par exemple ces articles :<br /> <br /> - GREENWOOD, J. A., and STUART, C. E. "Mathematical Techniques <br /> Used in ESP Research," Journal of Parapsychology, 1937, I, <br /> 206-225.<br /> <br /> - STUART, C. E., and GREENWOOD, J. A. "A Review of Criticisms <br /> of the Mathematical Evaluation of ESP Data" Journal of Para- <br /> psychology, 1937, I, 295-304.<br /> <br /> Nous sommes tout à fait prêt à revoir notre position si vous avez des articles et/ou des citations à nous proposer, rédigés par des statisticiens et/ou des scientifiques, défendant votre point de vue, à savoir que le choix de Rhine est : 1/ « une erreur » 2/ « incohérent sur le plan scientifique » 3/ le fruit de l’absence ou d’une mauvaise réflexion.<br /> <br /> Concernant le parallèle protocole OZ / protocole de Rhine, il y a une différence essentielle : dans le protocole de l’OZ, il y a directement « derrière le paravent » l’information personne présente/personne absente. Dans le protocole de Rhine, il y a non seulement le cache, mais aussi, le fait que les cartes sont de dos. Dans le cas de l’OZ, il nous parait légitime d’émettre l’hypothèse que le sujet pouvait éventuellement avoir une information dans cette condition. Dans le cas de l’expérience de Rhine, cela nécessiterait 1/ que l’expérimentateur connaissait les cartes bien qu’il ne voyait que leur dos 2/ que l’expérimentateur transmettait cette information au sujet 3/ que le sujet était en mesure de récupérer cette information. Nous ne connaissons pas de travaux démontrant la possibilité d’une telle interaction. Et cela est confirmé par le fait qu’il n y a pas de différence entre les résultats dans ces conditions, et ceux obtenus avec un sujet situé dans un autre bâtiment. S’il y avait effectivement un biais dans ce dispositif, nous devrions trouver une différence entre ces deux modalités d’expériences. Si l’OZ avait effectué la même expérience que la première (avec résultats significatifs), mais avec un sujet situé dans un autre bâtiment, l’hypothèse que le paravent permettait d’expliquer les résultats aurait été exclue et notre critique n’aurait donc pas été pertinente.<br /> <br /> Concernant d’autres biais dans les expériences de Rhine que nous n’aurions pas abordé dans le détail de cet article, pourriez-vous nous les préciser ?
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